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  •  Babebine [rime]
    Définition :
    Babebine Poème d’une ou plusieurs strophes comptant chacune 5 vers. À l’intérieur d’une strophe, les rimes se caractérisent par : répétition de la ou des consonnes finales, dans l’ordre les 5 voyelles a / e / i / o / u. Exemple : -ba / -be / -bi / -bo / -bu... d’où l’appellation de « babebine »

    Exemple(s) :
    Toi et la lune:

    Il faut du son pour plaire à l'âne,
    Il faut aux moutons de la laine,
    Au pétrole, des pipe-lines,
    Aux temples grecs des colonnes,
    et toi ... tu demandes la lune.

    Jean Nohain
  •  Baguenaude [forme]
    Définition :
    La baguenaude, synonyme de niaiserie, est un poème médiéval du non-sens à forme plutôt flottante, les octosyllabes, le plus couramment utilisés, reliés par un système souvent fantaisiste d’assonances et de contre-assonances.

    Exemple(s) :
    « Qui veult trés bien plumer son coq,
    Bouter le fault en un houseau.
    Qui boute sa teste en un saq,
    Il ne voit goûte par le trau
    Sergens prennent gens par le nez
    Et moustarde par les deux bras.
    Plus tost queurt le soleil a piét
    Que ne fait le lievre a cheval.
    Pour quoy fait on tant de harnas
    Quant les gens sont armez d’escaille ? »

    (Histoire du vers français. Tome II, Georges Lote / Chapitre premier. De l’assonance à la Rime).
  •  Ballade [forme]
    Définition :
    Une ballade est un poème médiéval à forme fixe composé de trois couplets et d'une demi-strophe appelée envoi, chacune étant terminée par un vers refrain, qui rappelle la forme chantée des origines. L'histoire de la poésie retient en particulier les ballades aux strophes carrées (le nombre de vers est égal au nombre de syllabes de chaque vers) de huit ou dix vers.

    Exemple(s) :
    Ballade première
    par Christine de PISAN

    Aucuns gens me prient que je face
    Aucuns beaulz diz, et que je leur envoye,
    Et de dittier dient que j'ay la grace;
    Mais, sauve soit leur paix, je ne sçaroye
    Faire beaulz diz ne bons; mès toutevoye,
    Puis que prié m'en ont de leur bonté,
    Peine y mettray, combien qu'ignorant soie,
    Pour acomplir leur bonne voulenté.

    Mais je n'ay pas sentement ne espace
    De faire diz de soulas ne de joye;
    Car ma douleur, qui toutes autres passe,
    Mon sentement joyeux du tout desvoye;
    Mais du grant dueil qui me tient morne et coye
    Puis bien parler assez et a plenté;
    Si en diray: voulentiers plus feroye
    Pour acomplir leur bonne voulenté.

    Et qui vouldra savoir pour quoy efface
    Dueil tout mon bien, de legier le diroye
    Ce fist la mort qui fery sanz menace
    Cellui de qui trestout mon bien avoye;
    Laquelle mort m'a mis et met en voye
    De desespoir; ne puis je n'oz santé;
    De ce feray mes dis, puis qu'on m'en proie,
    Pour accomplir leur bonne voulenté.

    Princes, prenez en gré se je failloie;
    Car le ditter je n'ay mie henté,
    Mais maint m'en ont prié, et je l'ottroye,
    Pour accomplir leur bonne voulenté.
  •  Batelée [rime]
    Définition :
    La rime batelée, surtout mise en valeur à l’époque médiévale, consiste à faire rimer le dernier mot d’un vers avec celui avant la césure du vers suivant.

    Exemple(s) :
    « Je rêve en mon dortoir des lumières sereines,
    Une éclatante reine en un pompeux manoir
    Mais dans le profond noir s’envolent des phalènes,
    Mille flocons de laine en un sombre miroir. »

    Marcel SCHWOB
  •  Battologie [figure]
    Définition :
    La battologie (de Bathos, roi de Cyrène , qui était bègue) est une redondance qui consiste à insister sur un thème de façon accumulative:

    Exemple(s) :
    "Toute chose finie n'est pas complètement achevée tant qu'elle n'est pas complètement terminée." (Pierre Dac)

    Il est mort et enterré

    n-i-ni c'est fini !

  •  Bergerette [forme]
    Définition :
    Poème en vogue au XVe siècle, la bergerette, célébrant des thèmes pastoraux liés à l’arrivée du printemps ou au jour de Pâques, s’est développée sous trois formes fixes : la grande bergerette qui comporte cinq strophes qui sont des sizains, la troisième et la dernière étant la répétition de la première jouant le rôle de refrain ; la moyenne bergerette qui est composée de quatrains ; la petite bergerette qui s’apparente au rondeau.

    Exemple(s) :
    1. Ah ! que je me sens guillerette !
    Que je me suis levée à l’aise !
    N’en déplaise
    Aux saints curés du diocèse,
    Une braise
    Brûle ma gorge de fillette.

    Car j’ai rêvé sous l’églantine
    – Fi donc, Colin ! Qu’en contrebande
    Par la lande
    Tu me faisais plus d’une offrande
    Trop gourmande
    Pour ma bouche trop enfantine.

    REFRAIN

    Je le jure, par ma houlette :
    Tu l’auras, ce panier de fraise.
    Viens, apaise
    Cette grand faim, cette fournaise
    Et me baise
    Emni la luzerne douillette !...

    REFRAIN

    (Auteur inconnu)

    2. J’épouserais un œillet blanc
    Si j’étais une pâquerette.
    Or donc que je suis une bergerette,
    Je veux un prince pour amant.

    De Pierrot, le gros chevrier,
    Mon cœur ne veut être captif.
    J’ai l’œil trop pur, le pied trop vif ;
    Je bas à courre un lévrier !

    REFRAIN

    Comment admettre d’un manant
    Qu’il abîme ma collerette ?
    Qui donc me contera fleurette
    Il faut qu’il soit d’un autre sang !

    REFRAIN

    (Auteur inconnu)

    3. Le marquis :
    – [Ce petit mot], si tu le dis,
    S’il fleurit tes lèvres, Laurence,
    Aussitôt tous les champs de France
    Fleuriront comme en paradis.

    La bergère :

    – Vous donnerez or et trésors
    Sans obtenir mon abandon...
    J’en aurais vingt ans de remords,
    Seigneur, à quoi donc rimerait donc
    [Ce petit mot ?]

    Le marquis :
    – Il rime avec les beaux oublis...
    Mais j’aime mieux, dans le silence,
    Lire au fond de ton innocence
    O Bergère, et dans ton souris,
    [Ce petit mot.]

    (Auteur inconnu)


  •  Blason [forme]
    Définition :
    Plutôt genre que forme, le blason, en vogue au XVIe siècle, est un poème généralement court, à rimes plates, les vers octosyllabiques ou, à la rigueur, décasyllabiques.
    Il fait soit l’éloge soit la satire d’un être ou d’un objet, les deux discours antonymiques se traduisant souvent par un blason suivi d’un contre blason symétrique.
    Paul Éluard a adopté ce genre dans « Blason des fleurs et des fruits ».

    Exemple(s) :
    Confrontation entre le « beau tétin » et le « laid tétin » :

    Tétin qui fais honte à la rose,
    Tétin plus beau que nulle chose ;
    Tétin dur, non pas tétin, voire
    Mais petite boule d’ivoire,
    Au milieu duquel est assise
    Une fraise, ou une cerise.

    Tétin au grand vilain bout noir
    Comme celui d’un entonnoir ;
    Tétin qui brimballe à tous coups
    Sans être ébranlé ni secous,
    Bien se peut vanter qui te tâte
    D’avoir mis la main à la pâte !

    Clément Marot
  •  Bout-rimé [jeux]
    Définition :
    (nom masculin)
    Rimes imposées à un poète pour être employées dans des vers à faire sur un sujet donné ou libre.

    Exemple(s) :
    On avait donné à Fontenelle les mots fontanges, collier, oranges, souliers. Il les utilisa avec une courtoise habileté :

    À UNE JOLIE FEMME
    Que vous montrez d’appas depuis vos deux fontanges
    Jusqu’à votre collier !
    Mais que vous cachez depuis vos deux oranges
    Jusqu’à votre soulier.
  •  Cadavre exquis [jeux]
    Définition :
    Le cadavre exquis est un procédé par lequel plusieurs auteurs créent une phrase, un vers, sans se concerter, en respectant une structure grammaticale définie au préalable (le plus souvent, sujet + verbe + complément) et en attribuant à chacun une de ces parties. L’auteur qui écrit n’a pas connaissance des messages de ses pairs. Ce jeu est l’invention des surréalistes (en 1925) tels que M. Duhamel, A. Breton, Max Ernst.

    Exemple(s) :
    Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau. : première production qui donna son nom au jeu.
    Princesse - déglutira - une petite mirabelle - gaiement. A. Breton in Recueil pour un prélude
  •  Calembour [jeux]
    Définition :
    Jeu de mots qui repose sur une approximation du sens et du son et défini comme une “équivoque phonétique”.

    Exemple(s) :
    Jean Cocteau en a donné divers exemples savoureux, dont celui-ci :

    Il meurt pour s’endormir sous le soleil des fièvres
    Et se réveille mort…
    Chercheuses d’or mettez votre doigt sur vos lèvres :
    Halte ! Le chercheur dort.
  •  Calligramme [jeux]
    Définition :
    Un calligramme est un poème dont le texte forme un dessin en relation avec ses idées. La relation peut être en adéquation, en opposition, ou en complémentarité avec le sujet. Cela permet à l’auteur de proposer une lecture particulière de son écrit en y ajoutant une communication visuelle.

    Exemple(s) :
    “Coeur couronne et miroir” par Guillaume Apollinaire
  •  Catachrèse [figure]
    Définition :
    Métaphore par laquelle un mot est employé dans un sens figuré et dont son usage est si courant qu'elle n'est plus ressentie comme telle.

    Exemple(s) :
    Tête de lit, plume d'un stylo, ailes d'un moulin, tête de pioche, poignée de porte, œil de bœuf, pied de chaise, etc.
  •  Césure [vers]
    Définition :
    C’est la coupe principale à l’intérieur d’un vers. C’est dans l’alexandrin classique que la césure est la plus nette. Elle partage le vers en deux hémistiches de 6 syllabes. Les vers de une à sept syllabes n’ont pas de césure fixe. Ils sont dits d’une seule émission de voix, sans arrêt dans la diction. On attend une césure dans le vers à partir de la mesure de l’octosyllabe. La césure est marquée, dans un vers, par //

    Exemple(s) :
    N’offrez rien au lecteur // que ce qui peut lui plaire.
    Ayez pour la cadenc(e)// une oreille sévère ;
    Que toujours, dans vos vers, // le sens, coupant les mots,
    Suspende l’hémistich(e), // en marque le repos.

    (BOILEAU - Chant 1 - L’ART POÉTIQUE)
  •  Chanson (de geste) [forme]
    Définition :
    Les "chansons de geste" constituent les premiers poèmes de notre littérature (à partir du XIe siècle). Ici le mot geste est féminin et désigne un ensemble de poèmes épiques.

    Ces poèmes sont écrits le plus souvent en décasyllabes, parfois en octosyllabes. Mais on en trouve déjà en alexandrins.
    Les vers sont regroupés en strophes assonancées, appelées à l'époque des "laisses".
    Le nombre de vers d'une laisse n'est pas fixe, aucune longueur n'est imposée.
    "La Chanson de Roland" présentait 4000 vers.
    Chaque épopée a un point de départ historique, mais l’œuvre poétique est largement postérieure aux évènements : les héros des poèmes ont vécu entre le VIIIe et le Xe siècle ; les chansons de gestes ont été écrites au XIe, XIIe et XIIIe siècles. C'est à cette époque que les chansons de gestes furent chantées de château en château par des musiciens : mi-chantant, mi-déclamant, suscitant l'admiration des seigneurs de l'époque.
    Il faut admettre que seul l'intérêt pour nous de ces chansons de geste est historique. La langue, les mœurs, les coutumes de ces textes nous sont trop étrangers.

    Exemple(s) :
    La Chanson de Roland (fin du XIe -début du XIIe siècle) raconte le retour d'Espagne de l'armée française, l'embuscade tendue à Roland le 15 août 778, son amitié avec Olivier, sa mort glorieuse vengée par Charlemagne.

    Extrait :
    CARLES li reis, nostre emperere magnes,
    Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne :
    Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne.
    N’i ad castel ki devant lui remaigne ;
    5Mur ne citet n’i est remés a fraindre,
    Fors Sarraguce, ki est en une muntaigne.
    Li reis Marsilie la tient, ki Deu nen aimet.
    Mahumet sert e Apollin recleimet :
    Nes poet guarder que mals ne l’i ateignet. […]


    Traduction :
    LE roi Charles, notre empereur, le Grand,
    Sept ans tout pleins est resté dans l’Espagne :
    jusqu’à la mer il a conquis la terre hautaine.
    Plus un château qui devant lui résiste,
    plus une muraille à forcer, plus une cité,
    hormis Saragosse, qui est dans une montagne.
    Le roi Marsile la tient, qui n’aime pas Dieu.
    C’est Mahomet qu’il sert, Apollin qu’il prie.
    Il ne peut pas s’en garder : le malheur l’atteindra. […]


  •  Charade [jeux]
    Définition :
    La charade est un jeu en forme d'énigmes successives qui vise à faire découvrir un mot en soumettant chacune de ses syllabes à la perspicacité du questionné, par de petites devinettes sous formes de définitions. Les charades sont parfois en vers et constituent un petit poème.

    Exemple(s) :
    J'ai l'honneur d'être mon premier ;
    Mon second, en sa fleur, brille sur vous, Adèle,
    Souffrez que ma muse fidèle
    Ose vous offrir son entier.

    (Homme-âge)

    Victor HUGO.
    ___________________

    Mon second est toujours produit par mon premier,
    Qui fait le prix de mon entier.

    (Chan-son)

    Victor HUGO
    ___________________
  •  Cheville [divers]
    Définition :
    du latin "clavicula" petite clé.
    Défini un ou plusieurs mots inutiles pour ajuster le nombre de syllabes d'un vers en prosodie classique

    Exemple(s) :
    Ainsi, dans les Femmes savantes, quand Molière écrit :

    Et les soins où je vois tant de femmes sensibles
    Me paraissent aux yeux des pauvretés horribles..

    Il est difficile de justifier "aux yeux"
  •  Chiasme [figure]
    Définition :
    Le chiasme (substantif masculin), du grec χιασμός : khiasmós ("disposition en croix, croisement") provenant de la lettre grecque khi ("X") en forme de croix (prononcer /kjasm/ « kyasm »), est une figure de style qui consiste en un croisement d'éléments dans une phrase ou dans un ensemble de phrases.

    Il se construit souvent sur le modèle BA/AB. (Dans lequel A peut-être un nom et B un adjectif.)

    Le chiasme a pour effet de donner du rythme à une phrase ou d'établir des parallèles. Il peut aussi souligner l'union de deux réalités ou renforcer une antithèse.


    Exemple(s) :
    "Ayant le feu pour père, et pour mère la cendre." (Agrippa d'Aubigné)

    "La neige fait au nord ce qu'au sud fait le sable." (Victor Hugo)

    "Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger." (Molière)

    "Les désespoirs sont morts, et mortes les douleurs." (Albert Samain)

    "Absence de preuve n’est preuve d’absence." (axiome scientifique)

    "Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens. Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière." (Victor Hugo)

    "Vivre simplement pour que d'autres puissent simplement vivre." (Gandhi)
  •  Chute [divers]
    Définition :
    Effet de surprise ménagé par l'auteur à la fin d'un texte qui éclaire son sens ou peut conduire à le réinterpréter.

    C'est le dernier vers d'un sonnet ou la conclusion inattendue d'un texte en prose.

    Exemple(s) :
    Une chute très connue est le dernier vers du sonnet "Le dormeur du val" d'Arthur Rimbaud.
    https://lespoetes.net/poeme.php?id=2597&cat=ph
  •  Comparaison [figure]
    Définition :
    La comparaison est une figure de style qui établit une analogie entre deux termes (le comparé et le comparant), par l’intermédiaire d'un "mot-outil" (L’outil de comparaison). Le plus souvent "comme" est cette charnière entre deux réalités comparées, mais on peut également utiliser : tel, pareil à, similaire à, semblable, de même que, plus que, ainsi que, moins que…
    La comparaison a plusieurs but : mettre en relation deux univers et expliquer par l’image.

    Exemple(s) :
    Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
    (Baudelaire - Harmonie du soir)

    Au milieu de ce fracas, rien n'était aussi alarmant qu'un certain murmure sourd, pareil à celui d'un vase qui se remplit.
    (Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe)

    Comme un qui erre aux champs, lors que la nuict au monde
    (Étienne Jodelle - Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde)
  •  Concaténation [figure]
    Définition :
    Le terme concaténation est issu du latin cum (avec) et catena (chaîne), il désigne l'action de mettre bout à bout deux chaînes.

    La concaténation est une opération sur les mots, mais peut être étendue aux langages.
    C'est aussi une pratique discursive d'un certain nombre d'auteurs qui consiste à fabriquer une sorte de néologisme en regroupant trois ou quatre mots et en les séparant par des tirets.
    Exemple : être-auprès-des-choses...

    Pour terminer, c'est aussi une figure de style : en littérature, une concaténation désigne la disposition dans un même texte de plusieurs anadiploses* successives, à la manière des maillons d'une chaîne.

    * Figure de pensée par laquelle on reprend le dernier mot d'un vers (ou d'une phrase, ou d'un membre de phrase) au début du vers (ou de la phrase, ou du membre de phrase) qui suit.

    Exemple(s) :
    La plus célèbre des concaténations en littérature est celle que fait Sganarelle, le valet de Dom Juan, dans la pièce de Molière :

    " Sachez, Monsieur, que tant va la cruche à l'eau, qu'enfin elle se brise; et comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l'homme est en ce monde ainsi que l'oiseau sur la branche; la branche est attachée à l'arbre; qui s'attache à l'arbre, suit de bons préceptes; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles; les belles paroles se trouvent à la cour; à la cour sont les courtisans; les courtisans suivent la mode; la mode vient de la fantaisie; la fantaisie est une faculté de l'âme; l'âme est ce qui nous donne la vie; la vie finit par la mort; la mort nous fait penser au Ciel; le ciel est au-dessus de la terre; la terre n'est point la mer; la mer est sujette aux orages; les orages tourmentent les vaisseaux; les vaisseaux ont besoin d'un bon pilote; un bon pilote a de la prudence; la prudence n'est point dans les jeunes gens; les jeunes gens doivent obéissance aux vieux; les vieux aiment les richesses; les richesses font les riches; les riches ne sont pas pauvres; les pauvres ont de la nécessité; nécessité n'a point de loi; qui n'a point de loi vit en bête brute; et, par conséquent, vous serez damné à tous les diables. " (Acte V, Scène 2)
  •  Contre-assonance [rime]
    Définition :
    La contre-assonance ou contrassonance (substantif féminin) est une figure de style fondée sur l'homophonie de consonnes placées en fin de vers. Il s'agit d'une figure uniquement poétique, liée à la versification.

    Exemple(s) :
    Matelot/poilu
    Poétique/loufoque

    J’aime au ciel, ces lueurs étranges
    et le sourcil noir de l’orage.
  •  Contrepèterie [jeux]
    Définition :
    La contrepèterie n'est pas spécifique à la poésie, où elle est assez peu courante. Mais comme les mots constituent la matière première des poètes, ceux-ci sont tentés par l'utilisation plus ou moins discrète de cet art du contrepet.
    Il s'agit de l'interversion, au sein d'une phrase d'apparence volontairement anodine, de deux lettres, de deux syllabes (ou même de deux mots), de manière à obtenir une autre phrase (généralement gaillarde et drôle).

    Exemple(s) :
    - (G)oûtez-moi cette (f)arce !
    (Pour : "foutez-moi cette garce !")

    - La (c)uvette est pleine de (b)ouillon.
    (Pour : "La buvette est pleine de couillons !")

    - Le Pont-(Neuf) fait soixante (pieds).
    (Pour : "Le pompier fait soixante neuf.")
  •  Contrerime [figure]
    Définition :
    Quatrain hétérométrique aux rimes embrassées et aux mètres croisés.

    (Plus simplement, cela correspond à quatre vers dont les rimes sont de type ABBA, et qui peuvent être 8-6-8-6)

    Définie par Paul-Jean Toulet cette figure de style est censée apporter une sensation de déséquilibre.

    Exemple(s) :
    L’immortelle, et l’œillet de mer
        Qui pousse dans le sable,
    La pervenche trop périssable,
        Ou ce fenouil amer
     
    Qui craquait sous la dent des chèvres,
        Ne vous en souvient-il,
    Ni de la brise au sel subtil
        Qui nous brûlait aux lèvres ?
  •  Décasyllabe [vers]
    Définition :
    Un décasyllabe est un vers de dix syllabes.
    Ce type de vers fut l'un des plus courant de la poésie épique du Moyen-Âge.
    On trouve plusieurs types de découpage du vers, comme le 6-4, le 4-6 ou le 5-5

    Exemple(s) :
    "Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre !
    L’air immense ouvre et referme mon livre,
    La vague en poudre ose jaillir des rocs !
    Envolez-vous, pages tout éblouies !
    Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
    Ce toit tranquille où picoraient des focs !"
    (Paul Valéry, Le cimetière marin)
  •  Diérèse [vers]
    Définition :
    La diérèse consiste à prononcer deux sons vocaliques (voyelles) en contact en deux syllabes n’en formant habituellement qu’une seule.

    Exemple(s) :
    Li/on
    Vi/o/lon
    Di/é/rèse
  •  Distique [vers]
    Définition :
    Le distique est un groupe de deux vers qui se suivent et riment ensemble en formant un énoncé complet.
    Le distique est apprécié pour sa "densité" et sa force expressive due à l'unité de sens dont il est porteur.

    Exemple(s) :
    - "Tout meurt, l'âme s'enfuit, et reprenant son lieu
    Extatique se pâme au giron de son Dieu".

    Agrippa d'AUBIGNÉ

    ____________________

    - "Mes sens n'ont plus de sens, l'esprit de moi s'envole,
    Le cœur ravi se tait, ma bouche est sans parole".

    Agrippa d'AUBIGNÉ
  •  Disyllabe [vers]
    Définition :
    Le Dissyllabe, encore appelé vers dissyllabiques, est un vers de deux syllabes. Il est rarement employé seul, manquant de naturel.

    Il est surtout employé en "isométrie", le retour très fréquent de la rime et la virtuosité ainsi manifestée concentrent des effets expressifs très forts.

    En "hétérométrie", le dissyllabe est d'un emploi plus fréquent, apportant un contrepoint rythmique au vers avec lequel il est employé.

    Exemple(s) :

    Isométrie :

    On doute
    La nuit...
    J'écoute : -
    Tout fuit,
    Tous passe ;
    L'espace
    Efface
    Le bruit.

    (Victor Hugo : Les Djinns)
    _________________

    Hétérométrie :

    Lune, quel esprit sombre
    Promène au bout d'un fil
    Dans l'ombre,
    Ta face et ton profil ?

    (Alfred de Musset : Ballade à la lune).
  •  Dizain [strophe]
    Définition :
    Le dizain est une strophe de dix vers.

    Exemple(s) :
    Anne, par jeu, me jeta de la neige,
    Que je cuidais froide certainement ;
    Mais c’était feu; l’expérience en ai-je,
    Car embrasé je fus soudainement.
    Puisque le feu loge secrètement
    Dedans la neige, où trouverai-je place
    Pour n’ardre point ? Anne ta seule grâce
    Eteindre peut le feu que je sens bien,
    Non point par eau, par neige, ni par la glace,
    Mais par sentir un feu pareil au mien.

    Clément Marot, Dizain de neige, in L’adolescence Clémentine.
  •  Elégie [forme]
    Définition :
    Du grec elegia, chant élégiaque.
    Érato en est la muse.
    Chez les Anciens, pièce de vers formée d'hexamètres et de pentamètres alternés de ton triste, tendre ou mélancolique.

    Exemple(s) :
    "La plaintive élégie, en longs habits de deuil,
    Sait, les cheveux épars, gémir sur un cercueil." Nicolas Boileau
  •  Elision [forme]
    Définition :
    L'élision se pratique devant toutes sortes de mots. C'est la suppression d'une voyelle dans la prononciation et parfois dans la graphie. La voyelle supprimée est remplacée dans l'écriture par une apostrophe.

    En prosodie, il y a en principe élision (et donc annulation dans le décompte des syllabes) de tout "E" intérieur de vers en finale absolue de mot quand le suivant commence par une voyelle.

    L'élision est "indispensable" à la fin du premier hémistiche qui ne peut s'arrêter sur un "E" caduc.

    Exemple(s) :
    Dieux ! que ne suis-j(e) assis(e) à l'ombre des forêts !
    (PHÈDRE)
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    N'ai perdu ni pèr' ni mère
    Ni aucun de mes parents
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